La Syrie fait face à une sécheresse dévastatrice

La Syrie subit une sécheresse historique, asséchant terres et fleuves, et aggravant l’insécurité alimentaire. À Deraa, Raqqa et ailleurs, des agriculteurs, soutenus par des ONG, adoptent des techniques durables pour reverdir le pays. Les défis structurels et climatiques entravent ces efforts ambitieux.

La Syrie, déjà éprouvée par des décennies de guerre et de bouleversements politiques, fait face à une sécheresse sans précédent, qualifiée de pire depuis 60 ans.

À Nawa, dans la province de Deraa, Mahmoud Soueidani, agriculteur de 35 ans, contemple ses 38 hectares de terres arides où blé, orge, lentilles et oliviers ne poussent plus faute de pluie, rapporte un article du quotidien libanais L’Orient-Le Jour. Cette crise, aggravée par le changement climatique, a vidé les barrages et les fleuves, rendant l’eau potable rare et les récoltes quasi inexistantes.

Dans son entrepôt de bouteilles de gaz, envahi par des plantes grimpantes cultivées dans des bouteilles plastiques, Mahmoud tente de préserver un semblant de verdure, symbole de sa vocation brisée, ajoute le journal libanais. Cette situation touche tout le pays : à Hassaké, l’Euphrate est à son plus bas niveau historique, et les puits s’assèchent, forçant des migrations massives vers les villes.

Une insécurité alimentaire qui augmente

Face à cette catastrophe, des agriculteurs s’organisent pour reverdir la Syrie. À Deraa, des coopératives, soutenues par des ONG comme le Croissant-Rouge syrien, distribuent des semences résistantes et promeuvent des techniques agricoles durables, comme l’irrigation goutte-à-goutte.

Des initiatives similaires émergent à Raqqa et Deir ez-Zor, où des agriculteurs, inspirés par des formations, reboisent avec des espèces adaptées au climat aride. Ces efforts, bien que prometteurs, se heurtent à des défis majeurs : le surpompage des nappes phréatiques, hérité des politiques agricoles de l’ère Assad, et les infrastructures détruites par la guerre limitent l’accès à l’eau.

En 2008, la production de blé dans la Djézireh avait chuté de 82 % à cause d’une sécheresse similaire, et aujourd’hui, le cheptel s’effondre, accentuant l’insécurité alimentaire. Le changement de régime en décembre 2024 n’a pas atténué la crise. Les nouveaux dirigeants, débordés par la reconstruction, peinent à répondre aux besoins urgents.

Les Nations unies estiment que 2 millions de Syriens souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, particulièrement dans le nord-est. Malgré ces obstacles, l’espoir persiste chez ces paysans qui rêvent de terres reverdies, portés par une résilience face à un climat et une histoire impitoyables.