L’Inde refuse de céder face aux menaces de Trump sur les tarifs douaniers et poursuit sa coopération énergétique avec la Russie

Face aux nouvelles menaces tarifaires de Trump, l’Inde confirme sa détermination à poursuivre ses importations de pétrole russe. Tandis que Washington tente d’imposer sa ligne à d’autres nations, New Delhi, avec le soutien clair de la Russie et de la Chine, réaffirme son indépendance stratégique et rejette les pressions venues des États-Unis.

Le président américain Donald Trump a annoncé vouloir augmenter « très substantiellement » les droits de douane sur les importations en provenance d’Inde dans les prochaines 24 heures. Il reproche à New Delhi de continuer à acheter du pétrole russe, estimant que cela « alimente l’économie de guerre » de Moscou. Dans une interview accordée à CNBC le 5 août, il a affirmé : « Nous avions convenu de 25 %, mais je vais les augmenter fortement car ils achètent du pétrole russe ».

Trump a également accusé l’Inde de profiter de rabais importants sur le brut russe pour le revendre à profit, et a brandi la menace de sanctions secondaires si le pays ne modifiait pas sa politique énergétique. Cette attitude a provoqué une vive réaction du ministère indien des Affaires étrangères, qui a dénoncé des critiques « injustifiées et déraisonnables », soulignant que « comme toute grande économie, l’Inde prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre ses intérêts nationaux et sa sécurité économique ».

De son côté, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réagi en déclarant le jour même que « les tentatives de contraindre des pays à cesser de commercer avec la Russie sont illégales ». Il a affirmé que « les États souverains ont le droit de choisir leurs partenaires commerciaux librement ».

L’Inde continue ses importations de pétrole russe

Les faits sur le terrain montrent que les menaces américaines n'ont pas d'effet concret. The Times of India a révélé que les entreprises Nayara Energy et Reliance Industries ont récemment reçu 2,2 millions de barils de pétrole russe. Nayara Energy, dont 49 % des parts appartiennent à Rosneft, a même exporté 43 000 tonnes de carburant vers Oman le 4 août, malgré les sanctions occidentales.

New Delhi n’est pas seul. Pékin a également rejeté les exigences américaines. Le ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé que « la Chine assurera toujours son approvisionnement énergétique en fonction de ses intérêts nationaux » et que « la coercition et la pression ne donneront aucun résultat ».

Dans les médias indiens, la position de Washington et de l’administration Trump est perçue comme incohérente, comme sur de nombreux autres sujets de géopolitique. Ils rappellent que les États-Unis eux-mêmes continuent à importer de l’uranium et d'autres ressources russes, et qu'ils avaient au départ encouragé l’Inde à acheter du pétrole russe pour éviter un choc sur les marchés mondiaux.

Soutien national à New Delhi et isolement de Washington

En Inde, les menaces de Trump ont été accueillies avec fermeté tant par le gouvernement que par l’opposition. Le député Manish Tiwari a jugé que « le comportement de Trump insulte la dignité de 1,4 milliard d’Indiens ».

L’Inde est aujourd’hui le premier acheteur mondial de pétrole russe transporté par voie maritime, avec une moyenne de 1,75 million de barils par jour depuis janvier. Le commerce entre la Russie et l’Inde a atteint un record de 68,7 milliards de dollars sur un an.

Malgré les menaces américaines, les livraisons se poursuivent, et l’Inde réaffirme ses liens stratégiques avec la Russie. Comme le résume une importante chaine de télévision indienne : « Donald Trump peut effrayer ses alliés européens et canadiens, mais avec les grandes puissances mondiales, cela ne marche pas. L’Inde ne joue pas selon les règles de Trump ».