10 000 hôteliers européens attaquent Booking pour pratiques tarifaires abusives

Plus de 10 000 hôteliers européens poursuivent Booking.com devant le tribunal d’Amsterdam pour pratiques tarifaires abusives, dénonçant des clauses restrictives sur les prix. Le préjudice, estimé à des centaines de millions d’euros, concerne la période 2004-2024.
Près de 10 000 hôteliers européens, soutenus par plus de 30 associations et la fondation néerlandaise Hotel Claims Alliance, ont lancé une action collective contre Booking.com devant le tribunal d’Amsterdam.
💥 10 000 hôteliers européens attaquent Booking pour pratiques tarifaires abusives.
— Ad ASTRA TV (@AdASTRAoff) August 6, 2025
➡️ Préjudice estimé à plusieurs centaines de millions d’euros.
Booking capte 70 % des résas en ligne, avec des commissions jusqu’à 30 %.
📍Plainte déposée à Amsterdam.#Hôtellerie#Bookingpic.twitter.com/uF1SgKbHQi
Ils dénoncent des pratiques tarifaires abusives, notamment la clause « meilleur prix », jugée illégale par un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 19 septembre 2024.
Un site en situation de quasi-monopole
Cette clause, en vigueur entre 2004 et 2024, empêchait les hôtels de proposer des tarifs inférieurs sur leurs propres sites ou d’autres plateformes, limitant leur compétitivité. Booking.com, qui domine 70 % du marché des réservations en ligne en Europe contre 15 % pour Expedia, est accusé d’avoir exploité cette position pour augmenter ses commissions, parfois jusqu’à 30 %, selon la fédération européenne de l’hôtellerie.
« Une chambre payée 100 euros par le client rapporte à l’hôtelier 75 euros dans le meilleur des cas », explique Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l’Umih, soulignant l’impact sur les marges, les salaires et les investissements des hôteliers.
En France, la DGCCRF, qui vient d’infliger une amende à Fnac Darty, avait déjà épinglé Booking en juin 2025 pour « pratiques restrictives de concurrence », lui ordonnant de se conformer d’ici au 31 décembre, sous peine d’une amende pouvant atteindre 69,35 millions d’euros.
Si Booking a supprimé cette clause en France depuis 2015, elle perdurait ailleurs en Europe, amplifiant les pertes financières des hôteliers. Le préjudice global est estimé à plusieurs centaines de millions d’euros.
Deux décennies de pratiques dénoncées
L’action, coordonnée par la Hotel Claims Alliance Foundation, vise une indemnisation pour les dommages subis sur deux décennies. Les hôteliers doivent s’inscrire individuellement sur un site dédié avant fin août 2025 pour rejoindre le recours.
Cette démarche reflète une mobilisation sans précédent face à la domination des plateformes numériques dans le tourisme. Ce conflit intervient dans un contexte où les pratiques des géants du web sont scrutées. En France, des sanctions similaires ont visé d’autres plateformes, comme Leboncoin, condamné pour des manquements liés à la taxe de séjour.
Pour les hôteliers, cette action judiciaire pourrait redéfinir les rapports de force avec Booking, tout en alertant sur la nécessité d’une régulation plus stricte des pratiques numériques dans l’hôtellerie.