Le retrait de la mention de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre dans une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies marquerait-il la fin de la «dictature rose» au sein des institutions onusiennes? C'est l'hypothèse du chroniqueur Jacques Frantz, qui propose ce terme.
La résolution intitulée « Mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et de son Protocole facultatif : obstacles amplifiés dans divers contextes » est un amendement proposé par l’Égypte au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). L’amendement, qui supprime toute mention de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, est le fruit d’une bataille à la fois longue et récurrente.
Pour bien comprendre, il faut se plonger dans le contexte des Nations unies où les pays occidentaux imposent de manière tyrannique l’agenda le plus progressiste qui soit.
Le problème est qu’avec les années cet agenda est devenu schizophrène. Car s'il comporte un important volet tiers-mondiste avec de nombreux financements imposés aux citoyens au titre notamment de l’aide publique au développement, il comprend également nombre de dispositions relatives au sujet cité plus haut. Or dans ces pays dont un grand nombre sont des anciennes colonies des pays occidentaux à la « pointe du progrès », les mœurs n’ont pas évolué aussi vite et surtout dans le sens où l’auraient voulu les dirigeants des États qui continuent de faire la loi bien qu’étant minoritaires.
À l’ONU, lors des travaux et conférences, beaucoup de pays, en particulier africains, s’insurgent régulièrement contre cette « dictature rose » qui, soit dit en passant, choque bien au-delà de l’Afrique.
Il serait cependant faux de croire qu’il s’agit d’un clivage Occident/Tiers-monde ou Pays développés/pays en développement. Une partie de l’Amérique latine se porte volontiers aux avant-postes de l’agenda wokiste. Ainsi, l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, Cuba, l’Équateur, le Mexique ou l’Uruguay reconnaissent et autorisent sans restrictions le mariage homosexuel.
Cependant les lignes bougent : l’Argentine, pourtant précurseur dans la reconnaissance du mariage entre personnes de même sexe autorisé dès 2010, a voté l’amendement en question. En mettant au pouvoir Javier Milei et surtout Donald Trump aux États-Unis, les populations ont voulu exprimer leur ras-le-bol sur ce sujet aussi.
La présidente Baerbock, progressiste fanatique, a tout fait pour bloquer cet amendement. Il faut dire que ces dernières années les Occidentaux n’ont pas hésité à faire pression individuellement sur les délégués pour obtenir des votes ou, à tout le moins, des abstentions. On l’a vu notamment lors des votes contre la Russie. Dans une organisation qui prône l’application de l’État de droit (faites ce que je dis mais pas ce que je fais), cela devrait s’appeler de la corruption.
En l’occurrence, le subterfuge n’a visiblement pas fonctionné. Est-ce à dire que l’histoire va inéluctablement dans le sens de l’émancipation ? Tout en demeurant très prudent, on peut toutefois constater sans trop de risque que les lignes bougent. Reste à espérer que c’est pour le mieux.
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