Laurent Nuñez met en garde contre le «bras de fer» avec l’Algérie
© Getty ImagesLaurent Nuñez met en garde contre la méthode du «bras de fer» avec Alger après le vote du RN visant l’accord de 1968. Il déplore la rupture du dialogue et l’arrêt des expulsions, plaidant pour une coopération renforcée. Le ministre de l'Intérieur prône une approche diplomatique pour préserver les liens franco-algériens et la sécurité régionale.
Alors que l’Assemblée nationale a récemment adopté une résolution du Rassemblement national (RN) visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a mis en garde contre toute politique de confrontation avec Alger.
Dans un entretien au Parisien, il a dénoncé la méthode du « bras de fer », estimant qu’elle « ne fonctionne dans aucun domaine » et ne fait qu’envenimer les relations entre les deux pays. Selon lui, cette logique a conduit à un « canal totalement coupé » avec les autorités algériennes, entravant toute coopération diplomatique, sécuritaire et migratoire.
Un appel au dialogue
Le ministre regrette la manière dont le vote s’est déroulé à l’Assemblée, rappelant que la France et l’Algérie ont des intérêts communs, notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Il plaide pour un retour au dialogue, soulignant que la rupture actuelle a des conséquences concrètes : depuis le printemps, Alger refuse de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière.
Fin octobre 2025, seuls 500 éloignements forcés ont pu être réalisés, contre 1 400 un an plus tôt. Cette situation provoque une saturation des centres de rétention administrative, dont 40 % des places sont aujourd’hui occupées par des Algériens.
Le départ de Bruno Retailleau, favorable à une ligne dure vis-à-vis d’Alger, avait pourtant permis d’esquisser un timide rapprochement. Mais le vote du RN, soutenu par une partie de la droite, ravive les tensions. L’accord de 1968, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, confère un régime migratoire privilégié aux ressortissants algériens : ceux-ci peuvent séjourner plus facilement en France et accéder plus rapidement à des titres de séjour longue durée.
Sa remise en cause, défendue par l’extrême droite, menace d’ouvrir une nouvelle crise diplomatique entre Paris et Alger, alors même que les échanges économiques et la coopération régionale restent essentiels à la stabilité des deux rives de la Méditerranée.