France : quand la flamme éternelle devient briquet public

À Paris, un homme de 47 ans a été jugé pour avoir allumé sa cigarette avec la flamme du souvenir, sur la tombe du Soldat inconnu, acte filmé par une touriste et diffusé sur TikTok. Ce marocain, père de quatre enfants, a reconnu «la bêtise du siècle». Il a été condamné à trois mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de dix-huit mois.
Sous la coupole du tribunal correctionnel de Paris, le 8 août, un père de famille de 47 ans s’est retrouvé jugé pour avoir allumé sa cigarette avec la flamme éternelle ornant la tombe du Soldat inconnu, l'utilisant comme un vulgaire briquet de poche. La scène, filmée par une touriste puis relayée sur TikTok, le montre franchissant les chaînes, s’agenouillant sur le bouclier renversé et approchant sa cigarette du feu puis repartant comme si de rien n’était.
🔴 [Info @Valeurs] L'homme interpellé après avoir allumé sa cigarette avec la flamme du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe s'appelle Hamdi Hakim, 47 ans, Marocain, titre de séjour valide jusqu'à fin octobre 2025, 21 mentions au TAJ (vol, violence, outrage, rébellion, injure..) pic.twitter.com/k94BMvirj8
— Amaury Brelet (@AmauryBrelet) August 5, 2025
Le prévenu est un homme marocain, conducteur d’engins depuis près de vingt ans, père de quatre enfants. Il sait précisément ce qu’on lui reproche : la «violation de sépulture, tombeau, urne cinéraire ou monument édifié à la mémoire des morts», un délit passible d’un an de prison et de 15 000 € d’amende. Il parle vite, s’émeut, puis lâche, comme pour résumer l’affaire : « la bêtise du siècle ». Il assure qu’il avait « une envie pressante de fumer », qu’il a demandé du feu à plusieurs passants, et qu’il s’est résolu à la seule source visible à portée de main. Pour prouver qu’il n’y avait rien d’hostile, il martèle : « J’aime l’armée et j’aime la France ! » et se dit dépendant au tabac.
La vidéo a provoqué une vague d’indignation, autant sur les réseaux sociaux que dans la classe politique. Certains sont même allés jusqu’à demander le retrait de son titre de séjour, valable jusqu’en octobre. Un tollé d’autant plus fort que la flamme, allumée en 1920 sous l’Arc de Triomphe, rend hommage aux soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale.
Son dossier personnel n’apaise rien : près de 28 mentions au casier, de 1996 à septembre 2022, avec des délits routiers, des violences, des dégradations. L’expertise psychiatrique évoque une polytoxicomanie, un trouble bipolaire et un TDAH (un trouble de l’attention) avec possible altération du discernement au moment des faits. Interrogé sur son traitement, il reconnaît qu’il lui arrive de l’oublier et explique avoir replongé dans l’alcool après une séparation récente. Le procureur considère que le mésusage de produits à effets psychotropes ne saurait diminuer sa responsabilité, au contraire, c’est pour lui une circonstance aggravante. La défense plaide un homme fragilisé, lucide sur sa faute, élevé en France depuis l’âge de neuf ans, qui demande qu’on lui laisse, encore, une dernière chance. Le tribunal tranche : trois mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de dix-huit mois.