Les médias occidentaux battent à l'unisson : Poutine est le grand gagnant du sommet en Alaska. Karine Bechet-Golovko avertit: si la Russie a gagné une sérieuse bataille politico-diplomatique, elle n’en a pas pour autant gagné la guerre. Il va falloir désormais voir quelle sera la véritable réponse des Globalistes après cette défaite ponctuelle.
Le 15 août, les présidents russe et américain se sont rencontrés sur le sol de la base militaire américaine d'Elmendorf-Richardson, en Alaska. Tout avait été mis en place par les Globalistes pour faire monter la pression sur la Russie au maximum, avant même que la rencontre ait lieu. Pour la mettre en position de faiblesse, la Maison-Blanche déclarait même que la rencontre avait lieu à la demande de la Russie, à laquelle Trump aurait presque eu la « grandeur d’âme » de bien vouloir accéder.
La politique est faite de symboles, et les symboles peuvent avoir un impact sur les sujets. Tel était en tout cas le pari des Globalistes.
« Trump, le faiseur de paix » devait apporter la Pax Americana pour recevoir lui aussi son Prix Nobel. Il avait pour mission de faire plier la Russie. L'objectif était de pacifier le territoire du monde global, ou, en d'autres termes, de le soumettre. L’idée d’un « échange de territoires » avait été largement diffusée, avant que le ministère russe des Affaires étrangères ne rappelle la Constitution russe.
La « paix par la force », depuis une base militaire ; depuis l’Alaska, vendue par la Russie impériale au XIXe siècle aux États-Unis. Un territoire qui n'a jamais accueilli de dirigeant russe après cette vente, quelle que soit l’époque.
La Russie devait s’incliner. Elle devait arrêter diplomatiquement son armée, puisque celle de l'alliance atlantico-ukrainienne, dans la configuration actuelle, en était incapable sur le champ de bataille.
Pour les adversaires de Moscou, le but principal, et non dissimulé, de cette rencontre était de négocier un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.
Ce fut un échec total. Comme on peut le lire dans le New York Times : « Trump et Poutine mettent fin au sommet de l'Alaska sans accord de cessez-le-feu sur l'Ukraine – Le président Trump et le président russe Vladimir Poutine ont conclu leur sommet en Alaska sans déclarer d’accord sur aucune question, et encore moins sur celle que M. Trump avait déclaré être en tête de son ordre du jour, à savoir la fin de la guerre en Ukraine. »
De plus, dans l’interview donnée par Trump ensuite à Fox News, certains experts militaires russes soulignent la mise en retrait du président américain sur la question ukrainienne : « Trump a « fait son travail», il a parcouru son « chemin vers la paix»sur le territoire de l’ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine. Et maintenant, tout ne dépend que de Zelensky et de Ruin, et, dans une moindre mesure, de leurs complices européens… »
La tonalité des déclarations de Trump est en effet surprenante : « J’ai fait ce que j’ai pu, de toute manière, je n'y peux rien, débrouillez-vous désormais. »
Ceci montre la limite de ce slogan « la paix par la force ». Ou plutôt, ce sommet permet de montrer quelle « force » produit quelle « paix ».
À la « force brute » des Globalistes, mise en œuvre par Trump pour imposer la « paix globale » du « monde global », la Russie, par Poutine, a opposé « la force mentale », devant permettre une « paix stratégique » pour le monde.
Et la question des « échanges de territoires » n’a pas été évoquée, ni celle d’un quelconque « cessez-le-feu » lors des déclarations finales des deux présidents à l’issue du sommet. En politique, ce qui n’est pas dit n’existe pas. Malgré les pressions atlantistes, Poutine a pu les neutraliser.
La force mentale contre la force brute
Les symboles n’ont pas créé le monde, n’ont pas créé une nouvelle réalité conforme à l’intérêt globaliste. Cela montre bien les limites de la communication politique : elle ne peut influencer le réel que lorsque les acteurs en acceptent les règles du jeu.
Quand un acteur ne joue pas selon les règles de l’autre, le jeu s’effondre et la réalité reprend ses droits.
Si la Russie a remporté une sérieuse bataille politico-diplomatique, elle n’a pas pour autant gagné la guerre.
Il va falloir désormais voir quelle sera la véritable réponse des Globalistes après cette défaite ponctuelle. Voir s’ils auront la volonté et la possibilité réelle – ou non – de modifier la configuration du conflit sur le champ de bataille. Car si les guerres peuvent se perdre dans les couloirs feutrés, elles se gagnent sur le champ de bataille.
Nous verrons aussi si des sanctions « exceptionnelles », comme annoncées antérieurement par Trump en cas d’absence d’accord entre la Russie et l’Ukraine, seront adoptées.
La Russie sait réagir à ces pressions, nous l’avons vu. Mais il serait naïf de penser que la pression politico-diplomatique va s’arrêter là. Chacun se félicite de la restauration des relations entre les États-Unis et la Russie : ce front n’en sera que renforcé.
Bien plus que l’augmentation du volume des échanges commerciaux entre les deux protagonistes, c’est l’augmentation du volume des pressions diplomatiques qui est à attendre. Pour le « bien de tous ». Pour la « paix ».
C'est à présent à la Russie, dernier rempart contre la dictature globale totale, de continuer à défendre ses intérêts nationaux. Il faut simplement comprendre que la rencontre des deux présidents n’a pas, en soi, par un coup de baguette magique, réglé le conflit ontologique existant entre ces deux mondes.
À la fin, il ne pourra en rester qu’un.
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