Le Hezbollah est-il en train de se réarmer ?

Le Hezbollah affirme avoir restauré ses capacités après les lourdes pertes de 2024. Israël dénonce cette reconstitution militaire pour justifier ses frappes répétées. Entre prudence stratégique et pression populaire, le parti tente de se reformer face aux pressions internationales, américaines et françaises, et internes.

Depuis plusieurs semaines, les médias israéliens multiplient les alertes sur un Hezbollah prétendument « renaissant », ayant reconstruit ses unités et renforcé son arsenal malgré les destructions massives de 2024 et la fermeture de la route syrienne.

Ces informations, basées sur des rapports de renseignement supposés secrets, coïncident avec les déclarations du parti chiite affirmant avoir « retrouvé sa force » et être prêt à affronter Israël. Mais ce narratif reste flou : les deux camps ont intérêt à manipuler la perception de la puissance du Hezbollah, Israël pour justifier la poursuite de ses frappes, et le mouvement libanais pour préserver le moral de ses partisans sans provoquer une nouvelle escalade.

Une communication bien ficelée

Pour les observateurs, il semble improbable que le Hezbollah ait pu, en une seule année, restaurer intégralement ses capacités militaires sous surveillance israélienne et occidentale. Son secrétaire général par intérim, Naïm Qassem, a d’ailleurs admis que le parti « n’a plus le surplus de force d’avant la guerre », tout en assurant qu’il a retrouvé une « capacité opérationnelle suffisante ». Cette prudence rhétorique traduit un équilibre fragile : afficher la résilience sans offrir à Israël un prétexte d’offensive.

Sur le terrain, le Hezbollah doit aussi répondre à la colère de sa base, frappée par les destructions au Sud-Liban et toujours déplacée un an après le cessez-le-feu. Les promesses de reconstruction tardent, minant sa légitimité sociale. Le parti concentre donc ses efforts sur l’aide matérielle aux sinistrés, tout en tentant de restaurer sa crédibilité militaire et politique.

Un point positif demeure : le réchauffement des relations avec l’Iran, après une période de tension consécutive à l’assassinat de Hassan Nasrallah. Téhéran reste son principal soutien financier et stratégique. Mais malgré ce regain d’appui, la véritable ampleur du redressement militaire du Hezbollah reste entourée d’incertitudes, entre communication, dissuasion et réalités de terrain.