La France investit plus de 70 milliards dans le nucléaire
© entrepriseetdecouverte.frLe conseil d’administration d’EDF a validé jeudi 18 décembre un devis de 72,8 milliards d’euros pour six nouveaux réacteurs EPR2, soit 40% de plus que l’estimation initiale de 2022. Cet investissement massif vise à sécuriser l’approvisionnement énergétique.
Le devis, en hausse, pour six nouveaux réacteurs nucléaires, présenté comme un « plafond » intégrant les risques, marque une étape clé dans la relance du nucléaire français, annoncée en 2022 par Emmanuel Macron. Il répond aux défis posés par la dépendance aux importations d’énergie, accentuée par la guerre en Ukraine, qui a fait grimper les coûts et révélé les faiblesses du parc existant dans un contexte de chute des prix de l’électricité.
Un chantier du siècle et un devis grandissant d’année en année
Depuis février 2022, la guerre en Ukraine a plongé la France dans une crise énergétique sans précédent. Les sanctions contre la Russie ont mis à mal les approvisionnements en gaz, forçant EDF à importer massivement de l’électricité, avec des pics à 15 GW durant l'hiver 2022-2023.
Le parc nucléaire français, miné par des problèmes de corrosion et des arrêts prolongés, n’a produit que 279 TWh en 2022, contre 360 TWh habituellement. Cette vulnérabilité a poussé Emmanuel Macrcon, qui avait annoncé en novembre 2018 la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d'ici 2035, à finalement accélérer la prolongation des réacteurs existants pour 60-80 ans et à lancer six EPR2 pour ajouter 10 GW de capacité.
Une annonce qui réjouit les experts du secteur, à l’image de Fabien Bouglé, directeur de publication de Transitions et Énergies.
UN GRAND BRAVO !
— Fabien Bouglé (@FabienBougle) December 18, 2025
Le général 5⭐️ de notre armée énergétique tient la barre de notre souveraineté
Bernard Fontana, PDG d’@EDFofficiel : « Nous sommes engagés pour tenir les coûts et les délais du chantier du nouveau #nucléaire »https://t.co/TYpBW4No1d
Le devis de ces investissements ne cessent de grimper : de 51,7 milliards en 2022 à 67,4 milliards en 2023, et désormais 72,8 milliards. EDF invoque l’inflation post-Ukraine et les leçons des chantiers ratés comme Flamanville (dérapage à 19 milliards au lieu de 3). Le PDG Bernard Fontana promet un effet de série pour réduire les coûts de 30 % entre la première paire à Penly en Normandie (2038) et la dernière au Bugey dans l’Ain. Financé à 50-60 % par un prêt d’État à taux zéro, soumis à Bruxelles, le projet vise un coût de production à 100 euros/MWh, bien au-dessus des prix de marché actuels (sous 50 euros pour 2026).
Ce « chantier du siècle » promet 100 000 emplois, mais dans un contexte d’offre excédentaire et de demande atone, EDF doit naviguer entre dette colossale (50 milliards) et investissements annuels de 25 milliards. La décision finale, fin 2026, conditionne la souveraineté énergétique française face aux défis géopolitiques persistants.