Des documents révélant des contacts France-Hamas : une information israélienne à nuancer

Des documents saisis à Gaza suggèrent des contacts secrets France-Hamas en 2020, mais ces allégations, non corroborées, doivent être prises avec réserve. La France, qui avait tenté un dialogue en 2007 avorté par un article du Monde, dément et condamne le Hamas comme terroriste. Cette fuite semble liée aux tensions franco-israéliennes.

Le 27 juillet, le média i24News a relayé des allégations selon lesquelles des documents saisis à Gaza par Tsahal prouveraient des contacts secrets entre la France et le Hamas, datant d’une réunion au Qatar le 16 octobre 2020.

Ces documents, révélés par la chaîne israélienne N12, suggèrent qu’un haut responsable des renseignements français, sous l’aval d’Emmanuel Macron, aurait rencontré des cadres du Hamas, qui auraient réaffirmé leur objectif de « vaincre l’entité sioniste » sans susciter de réaction française notable.

Saper la légitimité d'Emmanuel Macron

Cette fuite intervient dans un contexte tendu, après l’annonce du président français le 24 juillet de reconnaître un État palestinien, provoquant la colère d’Israël. Cependant, ces révélations doivent être prises avec prudence, car elles s’appuient sur des sources israéliennes sans corroboration indépendante, et le Quai d’Orsay a qualifié ces accusations d’« infondées », visant à discréditer ses efforts pour une solution négociée.

La France n’est pas étrangère aux tentatives de dialogue avec le Hamas. En 2007, sous Nicolas Sarkozy, une initiative discrète avait été lancée pour établir un canal de communication avec le mouvement, alors au pouvoir à Gaza. Selon Le Monde (14 juin 2007), Yves Aubin de La Messuzière, ancien diplomate, avait rencontré des responsables du Hamas à Beyrouth, mais la publication de cet article avait provoqué un tollé, conduisant à l’abandon du projet face aux pressions israéliennes et américaines.

Ce précédent illustre la sensibilité de tels contacts, souvent perçus comme une légitimation d’un groupe classé terroriste par l’UE. En 2020, la réunion présumée au Qatar, si elle a eu lieu, s’inscrirait dans une logique similaire : explorer des canaux diplomatiques pour influencer le Hamas, sans impliquer une reconnaissance officielle.

La France, qui qualifie le Hamas d’« organisation terroriste », maintient une position ferme contre sa militarisation tout en plaidant pour un accès humanitaire à Gaza. Les documents, non authentifiés publiquement, pourraient refléter une stratégie israélienne pour discréditer Emmanuel Macron, dont la reconnaissance de la Palestine a irrité Benjamin Netanyahou.