Gaza: Israël finance des milices pour contenir le Hamas
© Getty ImagesGaza est désormais scindée entre deux parties : Ouest contrôlée par le Hamas et Est sous influence israélienne, où opèrent plusieurs milices locales soutenues par Tel-Aviv. Ces groupes armés, présentés comme anti-Hamas, visent à instaurer un « Nouveau Gaza » mais dépendent largement d’Israël. Leur existence fragilise encore l’unité de l'enclave.
La bande de Gaza apparaît de facto divisée entre un Gaza-Ouest contrôlé par le Hamas et un Gaza-Est sous influence israélienne, où opèrent désormais plusieurs milices locales soutenues par Tel-Aviv.
Derrière la « ligne jaune », l’armée israélienne permet à quatre groupes armés gazaouis, dirigés par Yasser Abou Chabab, Houssam al-Astal, Ramy Halas et Achraf al-Mansi, d’agir comme forces anti-Hamas. Ces milices, structurées en factions territoriales et arborant drapeaux et uniformes, affirment œuvrer à la construction d’un « Nouveau Gaza », débarrassé du mouvement islamiste.
Diviser pour mieux régner
Certaines reconnaissent ouvertement une coordination avec l’armée israélienne via un « bureau de coordination », qui impliquerait aussi des représentants de l’Autorité palestinienne, bien que cette dernière démente toute implication.
La plus puissante, celle d’Abou Chabab, forte de 600 hommes autour de Rafah, bénéficie de livraisons de matériel et de fonds transitant par le poste de Kerem Shalom. D’autres, comme la milice d’al-Astal, se définissent comme « forces antiterroristes » et contrôlent de petites zones prétendument « sécurisées ».
Ces groupes, protégés des bombardements, assurent accueillir des civils déplacés et offrir abri et nourriture. Leur activité, tolérée et parfois soutenue par Israël, alimente la thèse d’un projet visant à fragmenter durablement l’enclave, en substituant aux structures du Hamas des autorités locales armées et non-indépendantes.
Pour le Hamas, affaibli mais toujours dominant à l’ouest, cette situation représente un défi existentiel. Après une vague d’arrestations et d’exécutions visant les supposés « collaborateurs » le 10 octobre, le mouvement a tenté de reprendre la main, annonçant avoir neutralisé plusieurs membres de la milice d’Abou Chabab.
Pourtant, selon les analystes, ces factions demeurent trop faibles pour renverser le Hamas : elles sont numériquement minoritaires, isolées et tributaires de la protection israélienne. Pour les experts, leur influence reste limitée et leur légitimité est quasi nulle. Gaza reste donc piégée entre un pouvoir islamiste résilient et un morcellement territorial nourri par une ingérence extérieure, une situation qui pourrait, à terme, institutionnaliser la division de l’enclave palestinienne.